La Distillerie de La Chaufferie tire son nom du bâtiment qu’elle occupe, qui alimentait en chaleur les immeubles de la société Imperial Tobacco de l’ancien quartier industriel de Granby, en bordure de la rivière Yamaska.
L’ambiance historique qui transpire de cette ancienne bâtisse se prête tout à fait à accueillir une distillerie, et lui confère un semblant d’institution malgré son jeune âge.
Ils sont en tout 11 associés à s’être impliqués dans ce fabuleux projet qui a débuté en 2018 avec Bryan Furlong, Jean-Nicolas Dupéré, et Vincent Van Horn le Maître Distillateur qui a fait ses armes aux Îles Caïman où il faisait du rhum. Les ont rejoint dans l’aventure Sylvain Gougeon, Mathieu Couture, Patrick Lemay, Jean-Pierre Tremblay, Louis Philippe Légaré, Jean-Philippe Provost, Éric Gabriel Beauchamp et Benoît Galipeau.
Au lancement, ils ont proposé la vodka Lemay, faite du grain à la bouteille à base de seigle distillé 3 fois, ainsi que le gin de type London Dry Furlong. Par la suite, est arrivé le Rye Sugar Shack , un jeune « whisky » vieilli de quelques mois marié à des épices et du sirop d’érable. Ces trois produits sont leurs produits réguliers actuels.
Bien entendu, du whisky verra le jour dans le futur, le temps de le laisser arriver à maturité dans ses fûts.
En attendant, Vincent Van Horn, le Maître Distillateur a concocté trois jolis produits :
- Henri G est une liqueur de noyer noir dont le goût se promène entre de l’Amaretto (amandes) et du Frangelico (noisettes), dont les noix viennent du Jardin des Noix. Un petit lot de 615 bouteilles de 500ml à 22% d’alc./vol. Son nom lui vient d’Henri Gustave Joly de Lotbinière, né en France, qui fût le 4e Premier Ministre du Québec. On dit de lui qu’il était un politicien intègre, un homme d’affaires sagace, un sylviculteur passionné et une figure de marque de la dualité linguistique canadienne au XIXe siècle. Mais c’est son côté visionnaire dans le domaine du progrès agricole, sa passion de l’horticulture et des arbres et à promouvoir la conservation des forêts qui ont poussé ce choix, car c’est à lui que l’on doit la présence des noyers noirs au Canada.
- Normand est un brandy de pomme, de vrais être disponible dans le courant du mois de novembre 2020 à 40$/500ml. Il est composé de Pommette, de Cortland, de Golden Russet et de Liberté et a passé 9 mois en fûts de bourbon de 50 litres, et fait 40% d’alc./vol. Son nom lui vient du trou du même nom, qui est une coutume gastronomique qui consiste à boire un petit verre de calvados entre deux plats, cela dans le but de faciliter la digestion et redonner de l’appétit aux convives.
- IDA, une jolie liqueur de framboise d’automne bio de la ferme Aux P’tits Fruits, qui elle ne devrait être disponible qu’au mois de février 2021 à 35$/500ml. Seulement 150 bouteilles à 30% d’alc./vol. ! Son nom lui vient de la Déesse Mère… parce que par sa forme, la framboise est associée aux mamelons. Selon la légende, le fruit tirerait sa couleur rouge du sang d’Ida, fille du roi de Crète et nourrice de Zeus, qui voulant calmer l’enfant criant sans arrêt, lui aurait cueilli des framboises jusqu’alors de couleur blanche, se serait griffé le sein qui en saignant aurait coloré les fruits, d’où le nom botanique du framboisier Rubus idaeus, Rouge d’Ida.
Vincent qui aime expérimenter, a également fait une eau de vie de poire avec le fruit dans la bouteille. Malheureusement, la production étant tellement infime, que la distillerie envisage de les offrir à l’encan dans un but caritatif. En effet, quand ils ont allé mettre les bouteilles sur les bourgeons, beaucoup étaient déjà trop gros, c’est donc sur les retardataires que 70 bouteilles ont pu être posées, et seules 36 bouteilles sont arrivées à terme. La moitié est revenue à la Cidrerie Milton qui a prêté son verger et fourni les poires nécessaires pour produire le spiritueux. Bref, il ne leur en reste que 18 !
Dans son passé, il a également travaillé dans des vignobles du Québec où il a encore des contacts. Sous l’escalier menant aux alambics, dorment quelques fûts contenants de l’eau-de-vie de vin façon Cognac. Continuel explorateur, il vient tout juste de démarrer un test à base de citrouilles… Il a également un « brhum » épicé sur les rails, un rhum fait sur une base de mélasse de betteraves sucrées, qui encore une fois n’utilisera que des ingrédients du terroir !
Il y a quelques mois, l’équipe a engagé la mixologue Claudia Doyon, qu’ils consultaient depuis le début, comme directrice du bar. C’est une passionnée qui aime aller cueillir elle-même des ingrédients qui vont venir agrémenter ou décorer ses créations. Elle organise également des cours dans lesquels elle enseigne l’art qu’elle pratique. Enfin, elle s’apprête à lancer un bitter en collaboration avec la distillerie sous le nom d’Amer Kebek !
Crédit photos : © Nemo [ photographe ] pour Distilleries Canada.
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